Les performances d’un test de dépistage

Gustave Austin
9 mars 2022
7 min de lecture
Mis à jour le 9 mars 2024

Les performances d’un test de dépistage

Un test de dépistage permet de trier au sein d’une population cible apparemment en bonne santé les personnes probablement atteintes d’une maladie des personnes probablement indemnes.

Un test de dépistage doit avoir les qualités suivantes :

  • simple

  • fiable

  • reproductible

  • acceptable

  • peu coûteux

  • valide

La validité d’un test est sa capacité de différencier au sein de la population cible les personnes probablement atteintes de la maladie de celles qui sont probablement indemnes. Cette capacité dépend à la fois des performances propres du test et des caractéristiques de la population testée.

  • Les performances propres (intrinsèques) du test de dépistage sont sa sensibilité et sa spécificité : elles définissent la validité intrinsèque du test. Elles sont définies et calculées en conditions expérimentales et sont donc indépendantes du type de personne testée.

  • Les caractéristiques de la population testée, en particulier la prévalence de la maladie, conditionnent les performances extrinsèques du test. Ces performances extrinsèques sont les valeurs prédictives positives et négatives. Elles sont relatives à l’utilisation du test pour une population donnée et diffèrent selon les caractéristiques de la population testée. Elles sont définies et calculées en situation de dépistage et permettent d’apprécier la pertinence de l’utilisation du test dans cette population précise.

Performances intrinsèques : sensibilité et spécificité        

La sensibilité d’un test est la probabilité que le test soit positif si la personne est atteinte de la maladie. C’est le nombre de vrais positifs (tests positifs chez des personnes atteintes de la maladie) divisé par le nombre total de personnes atteintes de la maladie (a/ a+c). Plus un test est sensible moins il comporte de faux négatifs (tests négatifs chez des personnes atteintes de la maladie) et mieux il permet, s’il est négatif, d’exclure la maladie.

Maladie

présente

absente

Test

positif

a
vrai positif (VP)

b
faux positif (FP)

a + b
total tests positifs

négatif

c
faux négatif (FN)

d
vrai négatif (VN)

c + d
total tests négatifs

a + c
total malades

b + d
total non malades

effectif total


La spécificité d’un test est la probabilité que le test soit négatif si la personne testée est indemne de la maladie. C’est le nombre de vrais négatifs (tests négatifs chez des personnes indemnes de la maladie) divisé par le nombre total de personnes indemnes de la maladie (d/ b+d). Plus un test est spécifique, moins il occasionne de faux positifs (tests positifs chez des personnes indemnes de la maladie) et mieux il permet, s’il est positif, d’affirmer la maladie.

Sensibilité et spécificité d’un test sont interdépendantes : l’augmentation de la sensibilité d’un test se fait toujours au détriment de sa spécificité et inversement.


Il faut distinguer la sensibilité d’un test de dépistage de la sensibilité d’un programme de dépistage. La sensibilité d’un programme de dépistage est la probabilité que le diagnostic de la maladie soit effectué par le programme de dépistage chez une personne ayant la maladie. Cette sensibilité dépend bien sûr de la sensibilité du test de dépistage, mais aussi du taux de participation et des conditions de réalisation du programme de dépistage : délai entre 2 tests (la sensibilité du programme de dépistage augmente si l’on raccourcit le délai entre 2 tests), acceptabilité et sensibilité des examens de confirmation diagnostique en cas de test positif. Enfin, cette sensibilité dépend du temps de séjour moyen (mean sojourn time) passé par la maladie dans la phase préclinique pendant laquelle elle est détectable par le test de dépistage. Toute chose étant égale par ailleurs, plus cette phase est longue, plus la sensibilité du programme de dépistage est élevée.

La sensibilité d’un programme de dépistage du cancer colorectal est égale au nombre de cancers colorectaux diagnostiqués grâce au programme de dépistage (a) divisé par le nombre total de cancers colorectaux diagnostiqués dans la population cible (a + c) ou c représente le nombre de cancers colorectaux manqués par le programme de dépistage, soit parce que les personnes atteintes n’ont pas participé au programme de dépistage, soit parce que bien qu’ayant réalisé le test de dépistage le diagnostic de cancer colorectal ait été manqué (cancers d’intervalle)

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Performances extrinsèques : valeurs prédictives positive et négative        

En pratique quotidienne de dépistage, la question qui se pose au médecin est d’évaluer chez une personne apparemment en bonne santé la probabilité d’être malade (ou non malade) en fonction du résultat positif (ou négatif) du test. Cette probabilité est aussi appelée probabilité a posteriori ou probabilité post-test. Elle dépend des caractéristiques du test (sensibilité et spécificité) et de la probabilité a priori (probabilité pré-test) que la personne ait une maladie, c'est-à-dire de la prévalence de la maladie dans la population considérée. La prévalence de la maladie est la probabilité a priori que la maladie soit présente chez une personne prise au hasard dans une population (a+c / a+b+c+d).

  • La valeur prédictive positive (VPP) d’un test est la probabilité que la personne soit réellement malade si son test est positif. C’est le nombre de vrais positifs (tests positifs chez des personnes atteintes de la maladie) divisé par le nombre total de personnes dont le test est positif (a/a+b). La formule de Bayes permet de calculer la VPP d’un test en fonction de sa sensibilité (SE), de sa spécificité (SP) et de la prévalence de la maladie (P)

VPP =

SE x P

SE x P + (1 – P) x (1 – SP)


  • La valeur prédictive négative (VPN) d’un test est la probabilité que la personne n’ait pas la maladie si son test est négatif. C’est le nombre de vrais négatifs (tests négatifs chez des personnes indemnes de la maladie) divisé par le nombre total de personnes dont le test est négatif (d/ c+d).

VPN =

SP x (1 – P)

SP x (1 – P) + P x (1 – SE)


La prévalence de la maladie et la VPP du test de dépistage varient dans le même sens. Quelles que soient les performances intrinsèques du test (sensibilité et spécificité), si la prévalence de la maladie est faible (ce qui est habituellement le cas dans le cadre du dépistage), la probabilité qu’une personne ayant un test positif soit réellement malade est faible : un test positif a dans ce cas de fortes chances d’être un faux positif.

Dans le cadre du dépistage du cancer colorectal, on peut estimer la prévalence de la maladie chez les personnes de plus de 50 ans à 5/1000 en France. Quel que soit le test de dépistage adopté, le test de confirmation diagnostique est la coloscopie dont la sensibilité pour le diagnostic du cancer colorectal est d’environ 95 % et la spécificité de 100 %. Le test de dépistage doit offrir un bon compromis entre sensibilité élevée (pour dépister le plus grand nombre de personnes suspectes) et spécificité élevée (pour éviter les coloscopies inutiles chez des personnes indemnes de cancer colorectal).

Gustave Austin
Auteur
Gustave Austin

Je suis Gustave Austin, professeur à l'Université de Lorraine spécialisé en physiologie et contrôle de l'équilibre. Je travaille également en tant que médecin en oto-rhino-laryngologie à l'hôpital universitaire de Nancy, en France. Mes recherches portent sur l'évaluation des modifications des stratégies de contrôle de l'équilibre en fonction de facteurs tels que le vieillissement, l'activité physique, les maladies, la susceptibilité au mal des transports, la gestion des tâches multiples et les programmes de rééducation.