Polypes et adénomes colorectaux

Gustave Austin
9 mars 2023
4 min de lecture
Mis à jour le 9 mars 2024

Introduction

Un polype est une excroissance développée sur une muqueuse. Le terme de polype est, à tort, utilisé dans le langage courant pour désigner la lésion qui précède le cancer. C’est le terme d’adénome qu’il faut employer.

Les polypes colorectaux correspondent à différentes entités : 70 à 75 % des polypes constituent de véritables lésions précancéreuses, les polypes adénomateux ; les autres n’ont aucun risque d’évoluer vers le cancer. Par ailleurs, les adénomes précurseurs du cancer n’ont pas tous la forme de polypes puisque certains sont plans, à peine visibles sur la muqueuse colorectale.

Les polypes colorectaux peuvent être classés selon leur nature, leur type histologique, leur forme et leur nombre.

Polypes néoplasiques et non néoplasiques

Une néoplasie est une tumeur constituée de tissu néoformé, soit bénigne (par exemple adénome), soit maligne (par exemple adénocarcinome). Le terme de néoplasie intra-épithéliale est aussi employé pour désigner la dysplasie (anomalies cellulaires, nucléaires et cytoplasmiques, et architecturales qui précèdent la survenue du cancer).

  • Polypes néoplasiques (qui peuvent évoluer vers le cancer)

    • Polypes adénomateux

    • DALM (dysplasia associated lesion or mass)

  • Polypes non néoplasiques (qui n’évoluent pas vers le cancer)

    • Polypes hyperplasiques

    • Polypes hamartomateux (juvénile ou Peutz-Jeghers)

    • Polypes inflammatoires

Polypes adénomateux

Ils représentent 70 à 75 % des polypes colorectaux. Selon leur architecture, ils sont classés en 3 types :

  • Adénome tubuleux (les plus fréquents : 65 à 87 % des adénomes) : contingent villeux inférieur à 25 %

  • Adénome tubulo-villeux (fréquence : 8 % à 25 % des adénomes) : contingent villeux compris entre 25 et 75 %

  • Adénome villeux (fréquence : 5 % à 10 % des adénomes) : contingent villeux supérieur à 75 %

Une nouvelle entité a été décrite récemment, l’adénome festonné (moins de 2 % des polypes colorectaux) qui associe des caractéristiques des polypes adénomateux et des polypes hyperplasiques. Ce type d’adénome peut évoluer vers le cancer.

Forme des polypes

Les polypes pédiculés ont un pédicule qui leur donne une forme de champignon.

Les polypes sessiles n’ont pas de pédicule et ont une implantation large sur la muqueuse colorectale.

Polypes hyperplasiques

Ce sont les plus fréquents des polypes non néoplasiques. Ils sont très fréquents, présents chez 20 à 35 % des personnes âgées de plus de 50 ans. Leur aspect endoscopique ne permet pas de les distinguer des polypes adénomateux : ils doivent donc être systématiquement réséqués pour être analysés. Ces polypes ne risquent pas, sauf exception, d’évoluer vers le cancer.

Recommandations de l’ANAES 2004

« Après exérèse de polypes hyperplasiques, une surveillance par coloscopie totale à 5 ans est recommandée (accord professionnel), quand ils sont :

  • de grande taille (≥ 1 cm (grade C) ou

  • multiples (n ≥ 5) et de siège colique (grade C) ou

  • siégeant sur le colon proximal dans un contexte d’antécédent familial de polypose hyperplasique (grade C)

Lorsque la coloscopie à 5 ans est normale, une surveillance 10 ans plus tard est recommandée, en l’absence d’antécédents familiaux de polypose hyperplasique (accord professionnel).

Soit après T 0 (temps de l’exérèse), une surveillance à T 5 (ans) puis à T 15 (ans). En présence d’antécédents familiaux de polypose hyperplasique, les données disponibles dans la littérature ne permettent pas de recommander un rythme de surveillance particulier.

La surveillance des polypes hyperplasiques rectosigmoïdiens de petite taille n’est pas recommandée (accord professionnel). »

Adénomes

Les adénomes sont des tumeurs bénignes glandulaires correspondant à un foyer circonscrit de dysplasie. Par définition, un adénome est donc une dysplasie. Selon l’importance des anomalies cellulaires (nucléaires et cytoplasmiques) et architecturales, l’adénome peut être une dysplasie de bas grade ou de haut grade. Un adénome est une tumeur néoplasique bénigne, précurseur d’une tumeur néoplasique maligne, le CCR.

Les adénomes peuvent être classés selon leur aspect macroscopique en

  • Adénomes plans, à peine visibles sur la muqueuse...

  • Adénomes polypoïdes (ou polypes adénomateux), bien visibles en relief sur la muqueuse

Gustave Austin
Auteur
Gustave Austin

Je suis Gustave Austin, professeur à l'Université de Lorraine spécialisé en physiologie et contrôle de l'équilibre. Je travaille également en tant que médecin en oto-rhino-laryngologie à l'hôpital universitaire de Nancy, en France. Mes recherches portent sur l'évaluation des modifications des stratégies de contrôle de l'équilibre en fonction de facteurs tels que le vieillissement, l'activité physique, les maladies, la susceptibilité au mal des transports, la gestion des tâches multiples et les programmes de rééducation.